Pour Mgr Paglia, le pape n’a pas atténué la gravité du péché d’avortement
Nouveau président de l’Académie pontificale pour la vie et un des hommes de confiance du pape François sur ces sujets, Mgr Vincenzo Paglia est revenu, mercredi 23 novembre, sur le passage de la lettre apostolique Misericordia et Miseria concernant l’avortement et présenté, notamment dans la presse italienne, comme une banalisation voire une atténuation de la gravité de ce péché.
« C’est exactement le contraire, a réagi Mgr Paglia au micro de Radio Vatican. Justement parce que concéder le pardon signifie un dialogue, une prise de conscience, une décision de ne plus répéter ce qui a été fait. »
« Un acte très grave »
En ce sens, la décision du pape d’étendre aux prêtres la possibilité d’absoudre le péché d’avortement, « signifie donner plus de possibilités pour ceux qui ont commis cet acte terrible de comprendre la gravité de ce qu’ils ont fait et, ensuite, de pouvoir changer de vie et de ne plus le faire », explique l’archevêque italien nommé en août dernier à la tête de l’Académie pontificale pour la vie pour lui donner une orientation plus ouverte.
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« En ce sens, le pape – conscient de la gravité de ce péché – veut offrir un meilleur moyen de prévenir la récidive car une plus grande possibilité d’accéder à un remède robuste aide les faibles à tomber moins facilement, voire à ne pas tomber, poursuit-il. C’est justement parce qu’il s’agit d’un acte très grave qu’il exige une concession extraordinaire de la miséricorde. »
« Je concède à tous les prêtres (…) la faculté d’absoudre le péché d’avortement », a décidé le pape François dans sa lettre apostolique Misericordia et Misera, étendant la concession faite pendant le Jubilé et tout en rappelant « de toutes mes forces que l’avortement est un péché grave, parce qu’il met fin à une vie innocente ».
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« Cependant, je peux et je dois affirmer avec la même force qu’il n’existe aucun péché que ne puisse rejoindre et détruire la miséricorde de Dieu quand elle trouve un cœur contrit qui demande à être réconcilié avec le Père », avait-il ajouté.
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Tandis que, lors de la présentation de la lettre, Mgr Rino Fisichella, président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, et ancien président de l’Académie pontificale pour la vie, avait précisé qu’il faudra sans doute « mettre à jour le droit canonique » qui réserve aux évêques l’absolution du péché d’avortement, Mgr Paglia a souligné que l’excommunication automatique qui lui est attachée demeurait.
« L’excommunication latae sentenciae demeure comme elle est dans le Code de droit canonique, a-t-il précisé à Radio Vatican. Il n’y a, en aucun cas, un changement dans la conception de la gravité du péché, aucune atténuation : l’élimination coupable d’un innocent est très grave. »