Le motu proprio du pape François pour refonder l’Institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille
La Salle de presse du Saint-Siège a rendu public, le 19 septembre 2017, une lettre du pape François en forme de motu proprio, intitulée Summa familiae cura. Par ce motu proprio, daté du 8 septembre 2017, le pape refonde l’Institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille et lui attribue une nouvelle mission. Vu les nouveaux défis auxquels l’Église est confrontée – défis dont elle a particulièrement pris conscience pendant le Synode sur la famille –, le pape François a voulu que la fécondité et l’actualité de l’enseignement du pape Jean-Paul II sur le mariage et la famille soient encore mieux connues. Aussi, a-t-il décidé de faire de l’Institut pontifical Jean-Paul II, l’Institut pontifical théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille
Animé d’un très grand souci pour la famille, saint Jean-Paul II, faisant suite au synode des évêques de 1980 sur la famille et à l’exhortation apostolique post-synodale Familiaris consortio de 1981 (a), a donné, avec la Constitution apostolique Magnum Matrimonii sacramentum(b), une forme juridique stable à l’Institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille, rattaché à l’Université pontificale du Latran. Depuis, l’Institut a mené un travail fructueux d’approfondissement théologique et de formation pastorale, que ce soit à son siège à Rome ou dans ses antennes désormais présentes sur tous les continents.
Plus récemment, l’Église a vécu un autre parcours synodal mettant à nouveau au centre de l’attention les réalités du mariage et de la famille, en premier lieu lors de l’assemblée extraordinaire de 2014 dédiée aux « défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation », et lors de l’assemblée ordinaire de 2015 sur « la vocation et la mission de la famille dans l’Église et dans le monde ». L’aboutissement de ce cheminement très dense a été l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia publiée le 19 mars 2016 (c).
Cette phase synodale a conduit l’Église à une prise de conscience renouvelée de l’Évangile de la famille et des nouveaux défis pastoraux auxquels la communauté chrétienne est appelée à répondre. La place centrale de la famille dans les parcours de « conversion pastorale » (1) de nos communautés et de « transformation missionnaire de l’Église » (2) exige que, au niveau des formations académiques également, ne soient jamais oubliées dans les réflexions sur le mariage et la famille la perspective pastorale et l’attention portée aux blessures de l’humanité.
Si un approfondissement fructueux de la théologie pastorale ne peut être mené sans prendre en compte le caractère ecclésial particulier de la famille (3), ce sens pastoral de l’Église, d’un autre côté, puise beaucoup dans l’apport précieux de la pensée et de la réflexion qui explorent de la façon très approfondie et rigoureuse, la vérité de la révélation et la sagesse de la tradition de la foi, en vue de sa meilleure compréhension dans notre temps. « Le bien de la famille est déterminant pour l’avenir du monde et de l’Église. (…) Il convient de prêter attention à la réalité concrète, parce que les exigences, les appels de l’Esprit se font entendre aussi à travers les événements de l’histoire, à travers lesquels l’Église peut être amenée à une compréhension plus profonde de l’inépuisable mystère du mariage et de la famille ». (4)
Le changement culturel et anthropologique qui influence aujourd’hui tous les aspects de la vie et demande une approche analytique et diversifiée impose de ne pas nous limiter à des pratiques pastorales et missionnaires reflétant des formes et des modèles du passé. Nous devons être des interprètes conscients et passionnés de la sagesse de la foi dans un contexte où les individus sont moins soutenus que par le passé par les structures sociales dans leur vie affective et familiale. Dans la proposition si limpide de rester fidèles à l’enseignement du Christ, nous devons donc regarder avec une intelligence pleine d’amour et un sage réalisme la réalité de la famille aujourd’hui, dans toute sa complexité avec ses parts d’ombre et de lumière (5).
Pour ces raisons, il m’a semblé opportun de donner un nouveau cadre juridique à l’Institut Jean-Paul II afin que « l’intuition visionnaire de saint Jean-Paul II, qui a fortement voulu cette institution académique, [puisse] aujourd’hui être encore mieux connue et appréciée dans sa fécondité et son actualité » (6). J’ai donc pris la décision de créer un institut théologique pour les sciences du mariage et de la famille, en élargissant son champ d’action, que cela soit dans les nouvelles dimensions du travail pastoral et de la mission ecclésiale, ou en référence au développement des sciences humaines et de la culture anthropologique dans un domaine aussi fondamental pour la culture de la vie.
Art 1
Par le présent motu proprio, je crée l’Institut pontifical théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille qui, rattaché à l’Université pontificale du Latran, succède à l’Institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille, créé par la constitution apostolique Magnum Matrimonii sacramentum et vient remplacer ce dernier qui est donc dissout. Il sera de notre devoir que l’inspiration d’origine qui donna naissance à l’ancien Institut d’études sur le mariage et la famille continue à irriguer le champ plus vaste couvert par le nouvel Institut théologique, contribuant ainsi efficacement à le faire correspondre aux exigences actuelles de la mission pastorale de l’Église.
Art. 2
Le nouvel Institut constituera, dans le cadre des institutions pontificales, un centre académique de référence au service de la mission de l’Église universelle dans le domaine des sciences concernant le mariage et la famille et dans les domaines liés à l’alliance fondamentale de l’homme et de la femme pour le soin de la procréation et de la création.
Art. 3
Le rapport entre le nouvel Institut théologique, et le ministère et le magistère du Saint-Siège, sera confirmé ultérieurement par la relation privilégiée qu’il établira, dans des termes qui seront définis d’un commun accord, avec la Congrégation pour l’éducation catholique, avec le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, et avec l’Académie pontificale pour la vie.
Art. 4
§ 1. L’Institut théologique pontifical ainsi rénové adaptera ses structures et mettra en place les instruments nécessaires – chaires, enseignants, programmes, personnel administratif – pour conduire la mission scientifique et ecclésiale qui lui est confiée.
§ 2. Les autorités académiques de l’Institut théologique sont le Grand chancelier, le Doyen et le Conseiller de l’Institut.
§ 3. L’Institut théologique a la faculté de donner iure proprio à ses étudiants les grades académiques suivants : le doctorat en sciences du mariage et de la famille ; la licence en sciences du mariage et de la famille ; le diplôme en sciences du mariage et de la famille.
Art. 5
Ce qui est énoncé dans le présent motu proprio sera approfondi et défini dans ses statuts, approuvés par le Saint-Siège. Seront plus particulièrement identifiées les modalités les plus pertinentes pour favoriser la coopération et les débats, dans le domaine de la pédagogie et de la recherche, entre les autorités de l’Institut et l’Université pontificale du Latran.
Art. 6
Jusqu’à l’approbation des nouveaux statuts, l’Institut théologique sera temporairement régi par les normes statutaires jusque-là en vigueur pour l’Institut Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille, y compris l’organisation en sections, et les normes associées, dans la mesure où elles ne s’opposent pas au présent motu proprio.
J’ordonne que tout ce que j’ai délibéré par cette Lettre apostolique sous forme de motu proprio, soit observé dans toutes ses parties, nonobstant toute chose contraire, même digne de mention particulière, et soit promulgué à travers la publication sur le quotidien L’Osservatore Romano, entrant en vigueur le jour même de la promulgation et soit par la suite inséré dans les Acta Apostolicae Sedis.
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 8 septembre 2017, fête de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie, cinquième année de notre pontificat.