La fraternité, un anticorps contre les ravages
L’Académie pontificale pour la Vie travaille actuellement sur un document intitulé “Coronavirus et fraternité humaine”, pour aider à trouver un sens à ce temps suspendu entre inquiétudes et quarantaine. L’invitation à l’isolement physique n’exonère pas en effet chaque chrétien d’un devoir impérieux de solidarité avec son prochain, par tous les moyens encore possibles.
«Une urgence comme celle du Covid-19 est d’abord vaincue par les anticorps de la solidarité, insiste Mgr Vincenzo Paglia. Les moyens techniques et cliniques d’endiguement doivent être complétés par une vaste et profonde complicité avec le bien commun, en évitant la tendance à sélectionner leurs avantages pour les privilégiés au détriment des vulnérables en fonction de la citoyenneté, des revenus, de la politique, de l’âge.» La science doit s’allier à la solidarité et à l’humanité, et toute décision politique doit être prise en tenant compte de tous les enjeux et en sortant de toute logique autoréférentielle.
Garder le regard tourné vers l’autre
«L’autre est mon allié, sinon la communauté s’évapore et je suis moi-même perdu, insiste l’archevêque italien. L’autre est la personne qui marche et me salue à un mètre de distance parce qu’elle me protège et se protège elle-même ; et moi aussi, en restant à la maison et en respectant les indications des autorités sanitaires, j’agis en faveur du bien commun, pour que tous ensemble et le plus vite possible nous sortions de l’urgence. Faisons en sorte de ne pas oublier l’expérience de ces semaines difficiles et le sens profond des limites de la mobilité : nous nous sacrifions pour nous-mêmes et pour les autres.»
Le président de l’Académie pontificale pour la Vie exhorte à prêter une attention particulière aux personnes les plus fragiles, et notamment les anciens : «En ces temps dramatiques, il est délirant de penser que les personnes âgées – car c’est de cela que nous parlons – sont sélectionnées pour être mises au rebut. La dignité n’a pas d’âge. Je n’oublie pas que le premier miracle de guérison de Jésus a été celui de la belle-mère de Pierre : il l’a prise par la main, l’a guérie et elle s’est mise à les servir.»
L’Église, un hôpital de campagne
Il insiste aussi sur l’importance de la présence de l’Église, même sans célébration des messes publiques, notamment à travers la communion apportée aux malades et le maintien de l’ouverture des églises pour la prière individuelle. «Depuis des siècles, l’Église parle de l’Eucharistie comme d’un médicament (et pas seulement de l’âme). Et sept ans que le Pape François parle de l’Église comme d’un hôpital de campagne. Ce serait comme fermer des pharmacies et des hôpitaux ! Bien entendu, toutes les règles établies doivent être strictement respectées, peut-être même avec des calendriers. La fermeture des églises serait dramatique, à mon avis, même pour ceux qui ne croient pas. Ils sont le signe que l’au-delà est ouvert, et non pas fermé ! Et l’appel à Dieu, comme s’il s’agissait d’une injonction : “Délivre-nous du mal !” est plus fort», conclut Mgr Paglia dans ce message.